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Conserver les pollinisateurs

Les pollinisateurs sauvages, un chaînon essentiel à sauver de toute urgence

Les pollinisateurs sauvages sont un chaînon essentiel de la biodiversité. Moins connus que les abeilles domestiques, ils contribuent à la pollinisation de la majorité des plantes à fleurs. Indispensables à une grande partie des cultures destinées à notre alimentation, ces animaux sont menacés de disparition, avec des conséquences potentiellement désastreuses.

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Date : 31 mars 2017
bumblebee-pixabay-skeeze

Les insectes pollinisateurs sauvages appartiennent à quatre grands ordres qui se déclinent en de nombreuses espèces : les hyménoptères (abeilles sauvages, guêpes, bourdons, fourmis…), les lépidoptères (papillons…), les coléoptères (coccinelles, scarabées…), les diptères (mouches, syrphes …).

En France, 85 % de la pollinisation des plantes à fleurs est effectuée par les insectes sauvages, et seulement 15 % par les abeilles domestiquesSciences et avenir . Ces butineurs, contrairement aux abeilles, couvrent toutes les périodes de floraison et certains pollinisent même par temps froid et pluvieux, comme le bourdon.

Un arc-en-ciel de formes et de couleurs

De taille et de morphologie variées, ils participent à la reproduction de fleurs de toutes formes. Certains ont même des spécialités : Les bourdons savent faire vibrer les fleurs de tomates, pour en libérer le pollen. Le sphinx colibri, un papillon à longue trompe, peut récolter le nectar des tubes profonds, que d’autres ne peuvent atteindre. Les syrphes, de l’ordre des diptères comme les mouches, pollinisent les petites fleurs délaissées par les plus gros insectes.

En butinant, les insectes transportent les grains de pollen des étamines (organe mâle) vers le pistil (organe femelle) d’une autre fleur de la même espèce, assurant la reproduction sexuée de ces plantes et donc la formation des fruits et des graines.

mouche pollinisateurs dypteres

Selon une étude de 2016, 40 % des espèces pollinisatrices invertébrées sont en voie d’extinction.

Des ouvriers agricoles essentiels

Ces animaux au labeur discret sont aussi des auxiliaires agricoles indispensables, qui assurent, avec les abeilles domestiques, la pollinisation de plus de 75 % des espèces végétales cultivées dans le mondeCNRS (et même 84 % des cultures en EuropeMinistère de la transition écologique et solidaire ). La valeur annuelle des cultures qui dépendent directement des pollinisateurs à l’échelle mondiale est ainsi estimée entre 200 et 500 milliards d’eurosrapport IPBES.

Sans la contribution de ces insectes, notre alimentation serait bien pauvre ; nous n’aurions quasiment plus de fruits et de légumes dans notre assiette. Le café et le chocolat disparaîtraient de notre quotidien, ainsi que les oléagineux (colza, arachide, olives…), les protéagineux (pois, fèves..) et les fruits à coques. Seules subsisteraient des cultures comme le blé, le maïs ou le riz, pollinisées par le ventINRA .

Une pollinisation abondante permet également d’obtenir des produits agricoles qui présentent une meilleure qualité nutritionnelle. En effet, lorsqu’une grande quantité de pollen a été déposée sur leurs pistils, les plantes peuvent sélectionner les meilleurs gamètes, qui donneront ensuite des fruits plus gros et plus riches en nutriments. En préservant la diversité et la qualité de nos ressources alimentaires, les pollinisateurs protègent notre santé.

Attention, pollinisateurs en danger !

La valeur de ces insectes ne se réduit toutefois pas à leurs travaux des champs : ils sont un maillon essentiel pour maintenir la biodiversité sur terre et l’équilibre des écosystèmes. Certaines plantes ne pourraient plus se reproduire sans leur pollinisateur attitré. C’est le cas par exemple de l’orchidée Ophrys apifera qui dépend exclusivement du leucère à longues antennes pour sa fécondation.

Or de plus en plus de pollinisateurs dans le monde sont menacés de disparition. Malgré le manque de données disponibles sur ces insectes, peu étudiés par la recherche scientifique, suffisamment de preuves existent pour conclure à leur déclin rapide et sans précédent. Selon l’une des rares études sur le sujet, publiée en 2016, 40 % des espèces pollinisatrices invertébrées sont actuellement en voie d’extinctionRapport de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques  IPBES.

Les pollinisateurs sauvages sont victimes de la destruction de leur habitat et de leurs sources d’alimentation, mais surtout de la toxicité de l’environnement. Divers facteurs, dont les pratiques de l’agriculture intensive, sont en cause :

  • L’usage intensif de pesticides chimiques de synthèse.
  • Le choix de la monoculture, qui limite la diversité et la disponibilité de pollen dans le temps.
  • Le labour quasi systématique des sols qui détruit les nids de certains pollinisateurs
  • La destruction des habitats naturels, ainsi que des haies et prairies, au profit de l’agriculture intensive et de l’urbanisation (routes, construction…)
  • Le changement climatique, qui bouleverse les interactions plantes/pollinisateurs

Mais le déclin des pollinisateurs sauvages n’est pas encore irrémédiable et des mesures peuvent être prises par tous, agriculteurs, collectivités et citoyens.